Vivance, Amour et Conscience : les trois piliers de transformation de l’existence

Comment faire face aux difficultés de l’existence ? Je ne parle pas ici de difficultés matérielles ou techniques, mais de ces questions qui touchent au cœur de notre vie. Comment naviguer dans ces eaux tumultueuses des relations, de la sexualité, du travail, des enfants, de l’argent ? De notre difficulté d’être en relation avec les autres, avec notre partenaire de vie, avec le monde. Comment donner du sens à tout cela quand tout semble parfois si lourd, si compliqué et que la déprime nous guette ?

Après des années d’expérience en tantra, des centaines d’heures passées à accompagner des personnes en difficulté (et à traverser mes propres tempêtes, soyons honnêtes), j’ai réalisé quelque chose de profondément simple et puissant à la fois : il existe trois outils fondamentaux pour résoudre pratiquement tous nos problèmes de vie. Trois piliers de notre existence qui correspondent à nos trois centres corporels, et que toutes les grandes traditions de sagesse, d’Orient comme d’Occident, ont identifiées depuis des millénaires.

Ce n’est pas vraiment une découverte, car tout est déjà là, et vous l’avez peut-être déjà réalisé vous-mêmes, mais plutôt une révélation. une prise de conscience que tout est déjà là, et que tout le développement personnel comme les spiritualités ne parlent que de ça.

Lorsque cette compréhension m’est apparue, cela a été comme une révélation. Car en réalité, toutes les spiritualités profondes, tous les enseignements de sagesse parlent de ces trois dimensions. Bien sûr, il existe des variantes, des nuances, et surtout des manières d’incarner ces piliers, mais à la base il y en a trois, et le plus fascinant c’est qu’ils correspondent à nos trois centres corporels.

 

 

La vivance : l’enthousiasme associé à l’élan du corps

Commençons par le plus instinctif, celui qui s’enracine dans le corps. Je l’appelle la vivance — cet élan de vie, cette énergie d’enthousiasme qui nous habite lorsque nous sommes pleinement vivants.

Cet outil fonctionne par sa puissance même. Il nous fait sauter par-dessus les obstacles, traverse tout par son intensité. Peut-être avez-vous déjà vécu cette expérience : un travail à rendre dans deux jours, et, à première vue, c’est impossible. Vous n’avez pas le temps. Mais quelque chose en vous dit « banco ! », et vous y allez à fond. Vous mettez toute votre énergie, vous ne calculez plus, vous foncez. C’est la vivance. Cela a été longtemps ma manière de fonctionner dans ma vie professionnelle en traversant les épreuves, en ne renonçant pas devant l’obstacle. Cela se traduit intérieurement par de l’enthousiasme, de l’énergie, de l’engagement dans les actions que l’on s’est donné.

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La vie adore l’enthousiasme. Elle répond à cet élan que nous mettons dans nos actions. Lorsque j’étais jeune professeur à l’université – il y a de cela quelques années – mes cours d’Intelligence Artificielle n’étaient probablement pas parfaits sur le plan pédagogique. Mais je transmettais avec mon cœur, avec une telle énergie, une telle foi en ce que je partageais, que les étudiants adhéraient. L’élan, l’enthousiasme authentique ouvrent des portes que la compétence seule ne peut franchir.

Mais j’y mettais tout mon cœur, toute mon énergie. J’y croyais tellement que les étudiants adhéraient à mes enseignements.

Si nous avons l’élan, les choses s’ouvrent automatiquement pour nous. Nous « bouffons » la vie pleinement. C’est le premier pilier : quand nous nous mouvons dans la vie avec énergie, elle nous répond.

L’amour : l’outil du cœur qui fait fondre les résistances

Le deuxième pilier concerne le cœur, notre centre émotionnel et relationnel. C’est le pilier de l’amour, de la bienveillance, de l’accueil et de l’ouverture.

C’est peut-être le levier le plus fondamental : c’est un outil incroyable pour aider les personnes à traverser leurs difficultés, pour aller à la rencontre de l’autre.

Je dis souvent : « On ne peut pas aider quelqu’un qu’on n’aime pas, ou plus exactement avec qui on n’a pas de connexion du cœur » C’est juste impossible. Peu importe les techniques thérapeutiques, les outils et les protocoles que l’on utilise, ce qui aide vraiment, c’est la connexion que l’on crée à partir du cœur. C’est l’amour lui-même qui fait le travail. L’amour est cette source de vie incroyable qui fait fondre les résistances, les obstacles, les défenses, qui nous relie et nous aide mutuellement à avancer ensemble.

Il m’est arrivé il y a quelques jours une situation banale mais révélatrice. Ma voiture était mal garée. Des policiers municipaux arrivent et commencent à me dire que je n’aurais pas dû me garer là. Une contravention se profile. À ce moment-là, je les regarde comme je regarde les participants dans mes stages, comme je regarderais des personnes que j’aime, je dirais presque, comme si je regardais mes propres enfants. Je les accueille complètement : « Oui, oui » dis-je, sans opposé de résistance « je suis désolé. Vous avez raison. » En étant vraiment le cœur ouvert et dans l’acceptation de ce qui pouvait se passer (j’étais vraiment dans bon jour…) et surtout dans un accueil authentique de ce qu’ils sont, de leur fonction, de ce moment. En gros, je suis dans leur camp.

Et que se passe-t-il ? Ils me prononcent la phrase classique des policiers qui ne veulent pas sanctionner sans pour autant perdre la face « Bon, ça va pour cette fois, mais ne recommencez pas. »

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Attention toutefois : le cœur n’est pas un outil fonctionnel, une technique pour obtenir ce qu’on veut. C’est un outil divin. la grâce n’est présente que si le cœur s’ouvre de manière authentique. Si on utilise le cœur comme un stratagème, il n’y a pas de cœur, donc pas d’amour et ça ne marche pas. L’amour ne s’utilise pas : il s’offre.

C’est la voie du pardon authentique, celle de Ho’oponopono : « Je suis désolé. Je te demande pardon. Merci. Je t’aime. » Ces quatre éléments créent une connexion miraculeuse quand ils sont vrais, quand ils viennent vraiment du cœur. Pas pour obtenir quelque chose, mais parce que c’est juste, parce que c’est vrai. Ils ne fonctionnent que s’ils sont dits avec authenticité.

Cette voie est celle de l’Amour divin, qui se situe au-delà des sentiments, et que les grecs appelaient Agape. Elle unit ce qui était séparé. C’est la voie du Christ, la voie de l’espérance, qui fait fondre les dissensions et les oppositions, qui arrête les conflits, qui fait tomber les masques et les cuirasses.

La conscience : prendre de la hauteur pour voir autrement

Le troisième outil, c’est la voie de la conscience. Plus froide que le cœur, moins énergique que la vivance, elle consiste à se décentrer de la situation pour l’observer d’un point de vue plus élevé, plus large.

Peut-être avez-vous déjà fait du ski et êtes-vous monté dans un téléphérique ? En montant, vous voyez les personnes en bas, dont vous faisiez partie quelques secondes plus tôt, devenir de plus en plus petites. Plus ça s’élève, plus les gens diminuent de taille jusqu’à ressembler à des fourmis agitées.

Cette vision m’a beaucoup inspiré. Si je pouvais me voir ainsi de haut est-ce que j’agirais de la même façon ? Est-ce que je ne verrais pas que tous ce que je crois important ressemblent en fait aux dramas des feuilletons à l’eau de rose de type « Les feux de l’amour », des répétitions sans fin des mêmes schémas, des mêmes patterns ?

Mais nous ne pouvons voir ces patterns que si nous prenons de la distance et c’est justement ce que permet la conscience qui nous aide à regarder notre vie autrement et à réaliser que tant de choses qui nous paraissent terribles sont, finalement, d’importance relative. C’est aussi la distance temporelle : ce conflit qui nous a déchiré il y a des années, en valait il la peine ? La conscience remet ainsi de la distance et du bon sens là où nous avons tendance à réagir aux événements.

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La difficulté avec la conscience, c’est que nous ne pouvons utiliser que le niveau de conscience que nous avons. Nous ne pouvons nous décentrer que comme notre conscience nous le permet. Nous ne connaissons jamais vraiment notre propre niveau de conscience, car nous ne pouvons le juger qu’à partir… de notre niveau de conscience. C’est là tout le paradoxe de la conscience. En effet, nous ne savons pas quel est notre niveau de conscience. On se croit « pas plus con qu’un autre ! » tout simplement parce qu’on se juge à l’aune de sa propre conscience, qui est limitée.

Le plus grand danger de la conscience, c’est de se croire supérieur aux autres parce qu’on a « pris de la hauteur ». Dès qu’on se met au-dessus, c’est fichu. La vraie conscience est toujours humble. S’élever pour voir plus loin ne signifie jamais prendre la grosse tête – c’est exactement l’inverse. C’est reconnaître avec humilité qui nous sommes à chaque instant, des fourmis qui avançons dans la neige.

Attention donc à ne pas utiliser ces outils pour gonfler l’ego. La conscience peut être merveilleuse pour cela. L’enthousiasme, s’il n’est pas juste, peut être très dur pour les autres. N’oublions pas d’agir avec le consentement de ceux qui nous entourent. Et le cœur ? Peut-il rester ouvert même quand le cœur de l’autre ne s’ouvre pas ? Là, nous voyons vraiment si notre amour est authentique.

Trois piliers, une sagesse universelle

Ces trois leviers, la vivance du corps, l’amour du cœur, la conscience de l’esprit, sont les piliers de toutes les grandes traditions spirituelles, et enseignées par les grands maitres spirituels, Bouddha, Jésus et tant d’autres prophètes et éveillés.

Personnellement, je vois bien que je n’arrive pas à les appliquer parfaitement chaque jour (et ceux qui me connaissent peuvent en témoigner). Il y a des moments où je me recroqueville, où je me défends, où je suis en colère contre la vie, contre les autres, contre moi-même. Vous comme moi sommes humains.

Mais la qualité de notre développement ne se mesure pas à notre capacité à ne jamais ressentir ces difficultés, à n’avoir aucun problème, aucun conflit avec personne. Elle se mesure à notre capacité à en sortir le plus vite possible, justement grâce à ces trois leviers que nous avons toujours à disposition.

Qu’ils soient nos guides, nos boussoles pour naviguer dans les tempêtes de l’existence.

Et vous, comment vivez-vous cela dans votre propre existence ? Quel pilier vous appelle le plus naturellement ?