Par Jacques Ferber,
Quand on a 20 ans, on veut réussir, devenir le meilleur. Personnellement, j’étais fan de science et je voulais devenir le futur Einstein, mais dès que je touchais ma raquette de Tennis je me prenais pour Bjorn Borg (on a le même âge à quelques mois près  ). Et effectivement, quand on aime le sport on rêve de médaille d’or aux Jeux Olympiques ou de remporter la coupe du monde de Football. Si on veut devenir riche on se prend pour Bill Gates ou Jeff Bezos, si on veut être le plus fort physiquement on se prend pour Bruce Lee (mon époque) ou plus récemment pour Jet Li
Dans tous les cas, on se projette (surtout les hommes, on y reviendra) dans une réussite personnelle où l’on se voit le meilleur. On n’y peut rien, c’est câblé dans l’espèce humaine. De même que les mâles des mammifères sociaux (chimpanzés, chevaux, cerfs, loups, etc.)  s’affrontent pour savoir qui sera le dominant de la meute, l’homme désire être au sommet de la hiérarchie. Hier en me promenant je voyais deux garçons d’une dizaine d’années qui faisaient du vélo et s’évaluaient mutuellement en faisant des pirouettes et des « roues arrières » pour savoir qui est le meilleur. Même les joueurs de jeux vidéos recherchent le meilleur score et à se retrouver dans le « hall of fame ». Nul n’échappe à cette élan de Vie qui crée et façonne le monde, à partir de la puissance solaire de vouloir être le meilleur dans son domaine. L’ego est au service de la Vie.

Cette vision est assez masculine, je vous l’accorde, car nombre de femmes n’ont pas ce rêve: beaucoup désirent simplement vivre le grand amour avec l’homme de leur vie, et s’épanouir dans la relation (ainsi que les voyages, la danse et la créativité). En cela, elle semblent être bien plus matures que l’homme qui désire être le meilleur. Et j’acquiescerais volontiers si pour autant elles ne cherchaient pas, pour certaines, à s’accomplir au travers de l’homme en établissant des chasses gardées autour de celui qu’elles ont choisies. La pulsion d’espèce n’est pas la même – l’ego s’exprime autrement – mais dans un cas comme dans l’autre, cette pulsion façonne toujours le comportement.

Mais plus on avance en âge, plus tout cela perd de son importance, au profit du plaisir des relations: relations affectives et amoureuses certes, mais aussi relations entre amis, relations parents-enfants. Quoi de plus merveilleux qu’un repas passés avec des amis où chacun apporte un plat et une boisson que tout le monde partage. Rien n’est plus simple et meilleur marché, et pourtant rien n’est plus satisfaisant pour la bouche et le coeur, quand chacun a élaboré son plat avec amour. La vie se transforme alors. Les débats d’idées qui s’expriment dans l’affrontement laissent place à l’échange des points de vue où chacun apporte une perspective différente pour mieux comprendre le monde, et surtout pour le plaisir simple et merveilleux « d’être avec », de partager l’amour et l’amitié.
Et le temps continuant sa route, même ce plaisir d’être ensemble est transcendé dans une fresque plus vaste, celle de sentir la Vie en soi et autour de soi. Le fait d’être tout simplement, de regarder le ciel et les nuages, de sentir le vent sur la peau, de contempler des enfants qui jouent, nous fait voir la beauté du monde, comme dans la chanson « what a wonderful world » d’Armstrong qui est un hymne à la contemplation de la beauté et de l’amour, lesquelles se trouvent partout et en toutes choses. Avec la sagesse vient le dépassement de tous les conflits, de toutes les rivalités, de toutes les disputes…

Les étangs de Pérols, à côté de Montpellier. Photo prise en 2016 avec un iPhone 5. Sans retouche.

Pourquoi en effet se donner autant de mal à se déchirer et à en vouloir à l’autre, alors que nous finirons tous au même endroit. Car avec l’âge vient souvent une pratique spirituelle très ancienne qui s’appelle « Memento mori » souviens toi que tu es mortel ! C’est une pratique qui consiste à se rappeler en permanence que nous allons mourir, non pas de manière morbide, mais bien au contraire pour prendre la mesure de la qualité de la Vie. Car en effet, si vous deviez mourir dans une semaine que feriez vous? Comme la plupart des personnes interrogées vous iriez voir tous vos amis et vos (ex)amours pour leur dire combien vous les aimez, pour leur dire tout le bonheur d’avoir vécu ensemble tous ces moments merveilleux. Devant la mort, ne demeure que l’Amour, le bonheur de vivre la beauté de l’instant, le plaisir d’être ici et maintenant… Devant la mort, tous nos désirs d’être quelqu’un d’autre que nous mêmes s’efface et nous pouvons nous prendre mutuellement dans les bras pour se dire « merci d’avoir effectué ce brin de vie avec moi, désolé du mal que j’ai pu te faire à certains moments » et surtout « je t’aime » . Et même nos soi-disant ennemis, nos rivaux(ales), tous ceux contre lequel nous sommes battus peuvent être reconnus dans cet Amour universel.

Alors dans ces moments de fêtes, souvenons-nous que l’important réside dans les moments vécus avec les êtres qui nous font vibrer, et que l’essentiel résulte de la Vivance (vivre intensément et pleinement), l’Amour (les relations et la contemplation du merveilleux) et la Conscience, afin de prendre conscience de tout cela pour voir en quoi nous vivons dans un « wonderful world »).
Et vous, qu’est ce qui est important pour vous? Partagez vos réflexions et ressentis dans les commentaires ci-dessous.

Joyeuses fêtes…