Par Jacques Ferber.
Vous l’avez peut-être remarqué autour de vous, c’est comme s’il y avait une fatalité étrange qui frappe un bon nombre de couples. Des êtres qui s’aimaient profondément au début, qui semblaient avoir trouvé leur moitié, se retrouvent confrontés à des difficultés insurmontables après quelques années. Comme si une force invisible les poussait inexorablement vers la séparation.
Autrefois, les choses étaient différentes. Avant les années 70, une pression sociale maintenait les couples ensemble, quoi qu’il arrive. Aujourd’hui, nos relations reposent entièrement sur l’amour, l’affectif, cette sensation merveilleuse de se sentir complet avec l’autre.
Cependant, fonder notre couple uniquement sur l’amour présente des inconvénients. Dans cet article, nous allons explorer les différentes phases du couple et les passages par lesquels un couple qui réussit passe, même si bien sûr, il existe des couples qui évoluent différemment. La nature est ainsi faite qu’il y a toujours des différences individuelles qui transcendent les règles générales.
Voici 5 phases que beaucoup de couples connaissent avant de trouver l’union :
- La lune de miel, le temps de l’amour passion, quand tout est merveilleux,
- La tombée des masques, quand arrive le désenchantement lié à l’illusion de la phase précédente,
- La chute, les conflits, les disputes,
- La remontée, la réparation pas à pas de la connexion rompue,
- Le couple conscient et uni.

Phase 1 : La lune de miel – Quand tout est merveilleux
La première phase du couple est celle de la lune de miel. C’est le moment où tout est merveilleux, où l’on vit l’amour passionnel. Vous aimez votre partenaire de manière absolue car il ou elle semble porteur de toutes les qualités que vous recherchez. Il est beau et intelligent, elle est belle et tellement vivante. Vous pensez que cette personne est la personne idéale pour vous, et que vous allez vivre heureux pour toujours.
Cela ressemble à un conte de fées, comme dans les histoires de Walt Disney, celles où il y a un prince charmant : vous avez trouvé la bonne personne, et vous allez pouvoir vivre heureux, peut-être avoir des enfants, et vivre éternellement dans un bonheur sans fin.
Le pacte projectif
Cependant, ce n’est pas tout à fait ce qui se passe. Pendant cette lune de miel, lorsque tout semble merveilleux, se cache une profonde illusion : nous ne voyons pas l’autre tel qu’il est. Au lieu de cela, nous voyons la projection de notre partenaire idéal que nous avons sur lui. Il y a comme un pacte projectif silencieux qui se produit lorsque nous projetons notre idéal sur l’autre, et l’autre ressemble suffisamment à ce rêve pour entretenir l’illusion.
C’est un peu comme si quelqu’un portait un costume étincelant et que nous croyions qu’il est toujours vêtu de cette magnificence, que cela fait partie de lui ou d’elle. Ce n’est pas entièrement faux, car lors des premières rencontres, nous nous présentons effectivement sous notre meilleur jour. Nous soignons notre apparence, mettons en avant nos qualités, offrons à l’autre le visage le plus séduisant de notre personnalité. Mais ce n’est pas ce que nous sommes réellement, un être de chair et de sang, porteur de merveilles mais aussi de blessures. Comme le montre si bien Shrek, sous les dehors de la belle Fiona se cache une ogresse, et Shrek lui-même n’est pas le prince charmant dont rêvait Fiona. Et tout le chemin de la relation amoureuse va être de dépasser cette illusion projective, pour aller à la rencontre de la réalité de l’être qui est en face de nous, en osant nous-mêmes nous dévêtir de nos habits de lumière pour apparaître tels que nous sommes.

Les mécanismes hormonaux de l’illusion
Beaucoup de phénomènes interviennent pendant cette phase pour alimenter cette ivresse des commencements et notre biologie conspire pour nous plonger plus profondément dans cette douce illusion.
Il y a d’abord le boost de la nouveauté. Tout est inédit, excitant, et cette fraîcheur génère un afflux de dopamine, l’hormone du désir. Nous désirons l’autre avec une intensité démultipliée par le fait même que c’est nouveau. Bien sûr, le problème avec la dopamine, c’est qu’au bout d’un certain temps, cette attirance liée à la nouveauté diminue tout simplement parce qu’il y a moins d’inconnu à explorer.
Mais il y a d’autres aspects qui entrent également en jeu, notamment un aspect d’aveuglement biochimique. Notre organisme semble programmé pour que l’amour rende véritablement aveugle.
À l’intérieur de nous, tout est fait pour que l’amour rende aveugle, comme on dit. C’est-à-dire que nous ne voyons pas tous les petits signes avant-coureurs que les autres et notamment nos amis voient parfaitement. Ils voient les défauts de notre partenaire, mais nous sommes focalisés sur ce qui est beau. Et surtout une assurance en nous nous fait croire que « Oui, lui (ou elle), est vraiment l’être merveilleux dont j’avais besoin, il/elle est parfait(e). Et les autres qui n’ont pas vu ce que je vois moi se trompent, moi je vois la réalité. »
Florence Foresti illustre admirablement ce phénomène caractéristique, dit-elle, des femmes (et je pense aussi des hommes mais sur d’autres plans). Au début l’amoureuse dit « Il joue de la guitare. Je te l‘ai dit ? Comme un dieu, je te jure. C’est un artiste !Ça me fait mourir. Je pourrais l’écouter des heures. », puis quelques mois après, mois plus tard quand elle est descendue de son petit nuage « Mais ferme ta gueule, avec ce banjo ! Tu nous soûles, avec tes chansons de merde ! ». Quand on sort de l’idéalisation ce que l’on adorait peut devenir ce que l’on déteste.
Et puis il y a un autre phénomène, qui est l’excitation du début liée à l’incertitude. Qu’est-ce qui va se passer ? Il y a un peu de peur dans l’incertitude, mais il y a aussi de l’excitation. Peur et excitation sont souvent assez reliées. Par exemple, si vous faites du ski et que vous allez un peu plus vite, soit vous avez peur et vous vous arrêtez, soit il y a de l’excitation. Vous entrez dans ce qu’on appelle le « flow » : « que va-t-il se passer ? Je l’aime, il m’aime et c’est merveilleux, mais demain, m’aimera-t-il encore ? Ah, il m’envoie un message ! c’est trop merveilleux » Cette incertitude crée une ivresse émotionnelle extraordinaire.
Phase 2 : La chute des masques et le désenchantement
Après le temps de l’illusion, le temps merveilleux, il y a une deuxième phase un peu moins agréable qui est celle du désenchantement, de la chute des masques. Quand tout ce que l’on croyait de l’autre commence à s’effriter.
Ce qui se passe, c’est que là où on voyait notre projection, là où on voyait le vêtement étincelant, apparaît maintenant en transparence la personne réelle. Il ou elle commence à être plus soi-même, et commence à porter des vêtements plus ordinaires, voire un jogging du dimanche. Et les vêtements ne sont qu’une métaphore de toutes les petites imperfections qui transparaissent nécessairement dès qu’on se connaît un peu plus.
Ce moment représente un passage critique que tous les couples traversent inévitablement. C’est nécessaire car la période de la lune de miel, ce moment d’illusion, ne peut durer éternellement. Il ne s’agit pas d’aimer une illusion, mais d’aimer la véritable personne qui se cache derrière ce masque séduisant. Sinon, ce n’est pas la personne que vous aimez, mais votre propre idéal que vous projetez sur l’autre, comme je l’avais montré dans cet article sur la projection animus-anima dans les couples.
Les premières frictions
Malheureusement, cette phase s’avère souvent difficile. Tout ce que vous admiriez commence à vous agacer. L’autre ne se comporte pas exactement comme vous l’espériez. Sa manière de parler, de manger, ses petits messages qui ne vous correspondent plus… Vous pensiez partager les mêmes goûts, mais il s’avère qu’il n’aime pas les mêmes films, préfère sortir avec ses amis quand vous rêvez de cinéma, adore regarder le foot à la télé alors que vous détestez ça.
Ou inversement, vous aimez les sorties entre copines, et lui préfère rester chez lui, se détendre chez lui. Tous ces petits éléments créent des frictions, comme si du sable s’était glissé dans les rouages autrefois parfaitement huilés.
Une déception progressive s’installe. Vous vous dites : « Bon, il n’est pas tout à fait ce que j’imaginais, mais il a quand même beaucoup de qualités. On ne va pas se séparer pour des brocolis qu’il n’aime pas ou parce que je déteste la viande. »
Cette volonté de faire durer sa relation en « prenant sur soi », ne résistera pas longtemps à ce qui approche : une tempête qui plongera la plupart des couples dans un marasme, une tempête effroyable qui épuise les partenaires et finit par séparer beaucoup de couples.
Phase 3 : La chute – Quand l’amour devient une lutte
La troisième phase, celle de la chute est terrible. C’est la phase du conflit, de la guerre, où deux êtres qui s’aimaient en viennent à se détester et à se déchirer. Le moment où ce qui était si beau devient si douloureux.
Cette période se caractérise par beaucoup de colère, d’affects intenses, de malaise et de mal-être profonds. Je le ressens dans mes tripes rien qu’en l’écrivant, parce qu’à cet endroit la plupart des personnes ayant été dans des relations longues ont vécu la même chose.
Si on ne s’est pas séparés avant, cette phase devient presque inévitable, sauf à avoir déjà accompli un immense travail de développement personnel, car elle va nous mettre devant nous-mêmes, devant notre incapacité à changer l’autre, alors qu’il s’agit ici encore, d’évoluer soi-même.
J’aime nommer cette phase « La chute » car tout se passe comme si l’on était sorti du Jardin d’Eden. Nous avons perdu l’innocence de la lune de miel, et nous nous sentons comme séparés, déconnectés l’un de l’autre, alors que nous avions vécu des moments si délicieux et intenses ensemble, comme si cette connexion allait de soi. Mais non, elle était une grâce qui nous était envoyée pour nous faire comprendre que cet état est possible. Comme si le divin nous avait fait son marketing pour nous faire sentir ce que nous pourrions vivre dans les délices de l’union lors de la première phase, que nous avons voulu y croire encore pendant la phase 2, mais maintenant, nous dit-il, c’est à vous de faire le travail. Et pour éprouver notre amour, comme dans l’histoire de Job, il nous envoie Satan l’accusateur, celui qui crée en nous le jugement et la séparation (« diable » vient de diabolos en grec, qui signifie le « calomniateur », ce qui divise). Nous sommes ainsi testés nous qui croyions que nous nous aimerions à jamais tout le temps.
L’activation des blessures
Ce qui se produit maintenant, c’est que l’autre vient activer nos blessures les plus profondes. Le problème c’est que l’on ne le voit pas comme nos blessures, on le vit comme quelque chose d’insupportable chez l’autre, qui se comporte de manière inadmissible.
Pourquoi ? Parce que son comportement ressemble à celui de notre père ou de notre mère – et parfois d’autres personnes de notre entourage – quand on était enfant. Donc ce qu’il fait, c’est insupportable. Par exemple, il m’interrompt quand je parle, il me coupe comme mon père qui ne me reconnaissait pas vraiment. Donc quand il me coupe, c’est comme s’il me déniait et c’est insupportable. Je le déteste à ce moment-là. Autre exemple, elle me fait des reproches qui m’humilient qui me font penser que je ne suis pas compétent, pas à la hauteur, comme ce que je vivais avec ma mère qui n’arrêtait pas de me dire tout ce que j’avais à faire. Évidemment, je me justifie, mais cela ne calme pas sa colère, alors je réponds et on en vient à se disputer. Soit l’un des deux se retire et s’éloigne, et l’autre se sent abandonné, soit la dispute enfle jusqu’à ce que des mots qu’on ne pensait pas pouvoir dire sortent de la bouche de l’un, blessant encore plus et créant encore plus d’animosité. Alors que chacun, à l’intérieur, ne crie qu’une chose « Je veux être aimé, je veux être reconnu ». Tant d’amour qui est demandé, car il y a tant de blessures derrière notre désir, naturel, d’être aimé et reconnu : rejet, abandon, humiliation, trahison, injustice. Tout l’éventail des blessures émotionnelles se trouve réveillé par votre partenaire.
Le piège de vouloir réparer/changer l’autre
D’un certain point de vue, c’est merveilleux. Du point de vue spirituel, l’autre nous aide à identifier et éventuellement à guérir nos blessures en les révélant. Mais dans le moment présent, on ne le perçoit généralement pas comme un cadeau du divin, mais plutôt comme quelque chose d’insupportable qui ne correspond pas à nos attentes.
Par exemple, pour Marie, elle vit mal que son amoureux ne lui envoie pas de petits messages quotidiens et a tendance à disparaître dans sa « grotte » sans prévenir. Elle a l’impression qu’il n’est plus là, qu’il n’y a plus personne. Cette non-présence devient très dur à vivre car elle porte une forte blessure d’abandon. Quand il fuit dans les jeux vidéo, les livres, les promenades sans la prévenir, cela génère en elle une angoisse terrible.
Que fait-on généralement ? Le réflexe habituel : si l’on ne va pas bien, on va le reprocher à l’autre. Car le problème, c’est bien évidemment l’autre que l’on veut parfois « réparer » parce qu’on voit bien qu’il ne va pas bien, qu’il pourrait être plus merveilleux et magnifique s’il n’y avait pas son ego, qu’elle pourrait être tellement plus agréable si elle admettait ses blessures et ses projections.
C’est tellement plus facile de voir les défauts et les blessures de l’autre que de se regarder soi-même avec humilité. Car ces défauts sont aussi les nôtres. Bien sûr, il y en a chez l’autre, mais il est important de regarder aussi nos propres blessures, car le problème ne vient pas de l’autre, mais de nous-mêmes.
La réalité du miroir
J’ai vécu cela pendant des années comme animateur et coach. Des femmes venaient me voir : « Mon homme a tous les défauts, il est ceci, il est cela. » Au début, je les croyais et je me disais : « Oh, elles n’ont pas de chance. Ce sont vraiment des gros lourds ». Ils devaient être horribles d’après leurs descriptions.
Puis j’ai rencontré ces hommes. Et ils étaient super. Comme tout le monde, ils ont leurs qualités et leurs défauts, mais au fond c’étaient des êtres merveilleux. Simplement, leur compagne ne voyait plus, dans ces moments-là, que leurs défauts.
Le même phénomène se produit côté masculin, avec des modalités différentes. Les hommes se plaignent : « Elle n’arrête pas de me faire des reproches, rien n’est jamais assez bien pour elle. Et j’ai l’impression d’être un moins que rien pour elle. »
C’est souvent à ce moment que surviennent les crises majeures, les grandes colères qui peuvent malheureusement déboucher sur des violences, verbales puis parfois physiques. Cette phase conduit fréquemment à la séparation si le couple ne parvient pas à évoluer vers l’étape suivante.
Phase 4 : La réparation – Le chemin de la réconciliation
La phase de réparation, la quatrième, représente une remontée difficile vers la réconciliation. Beaucoup de couples ne parviennent même pas jusqu’à cette phase. Soit ils se séparent définitivement, soit ils s’installent dans un statu quo où ils vivotent comme des colocataires l’un à côté de l’autre. Après la chute, c’est le moment de la réascension vers l’amour, un chemin de vulnérabilité, où nos egos sont souvent mis à mal.
Le piège du vivotement
Souvent, quand il y a des enfants, ce n’est plus vraiment un couple qui existe, mais plutôt « papa et maman » qui cohabitent. Cela permet de vivre tranquillement : on s’occupe de la maison, des enfants, on part en vacances, mais on évite les grandes difficultés relationnelles. Une sorte d’amoindrissement de la vie s’installe. Plutôt que de se reprocher constamment des choses, on ne reproche plus rien à l’autre, mais on se désengage de la partie amoureuse et vibrante de la relation. On pourrait voir ce moment comme une forme de « dépression de couple », une distance qui se crée malgré la présence physique et le fait de se dire « en couple ».
Souvent, il n’y a pratiquement plus de sexualité, sauf de rares fois devenues mécaniques, plus subies que désirées, ou lors des vacances.
Les femmes vivent généralement très mal cette phase et le ressentent intensément. Elles se disent qu’il faut faire quelque chose, étant souvent plus sensibles à l’aspect relationnel. Les hommes, à l’inverse, ont tendance à se réfugier dans le travail, les copains, le sport, pour décharger toute cette énergie qu’ils n’arrivent plus à investir dans leur relation.
Le travail de conscience
Pour les autres couples, ceux qui s’engagent dans la réconciliation, cela passe par un travail, un vrai travail psychologique. Et cela va passer par tout un ensemble d’étapes et de moments difficiles mais nécessaires pour aboutir à un couple plus conscient, plus allié.
C’est le temps de la thérapie, ou celui – ce que je vous conseille bien évidemment – du Tantra pratiqué ensemble, le temps où le couple se rend compte qu’il a besoin de quelque chose pour sauver la situation, afin de retrouver le lien et tout simplement redonner du feu à la relation.
Cela passe par une prise de conscience essentielle que chacun peut se faire à soi-même : ce n’est pas l’autre le problème, ce sont mes propres blessures. Ces blessures viennent de nos expériences passées de ce que nous avons vécu avec nos parents, nos frères et sœurs, les figures marquantes de notre enfance que nous avons projetées sur notre partenaire.
Il est essentiel de faire la distinction entre l’autre personne et nos projections. Même si l’autre peut partager certaines ressemblances troublantes, il existe des différences importantes que nous gommant lorsque nous sommes activés par les défauts de notre partenaire. L’autre n’est pas un parent pour nous, et nous ne devrions pas nous comporter comme un petit garçon ou une petite fille dans cette relation. Nous sommes alors invités à tenir debout par nous-mêmes et à éviter de tomber dans le piège de se plaindre de l’autre et de se sentir victime de la relation. Arrêtons de nous comporter comme des enfants.
Quand on critique l’autre en disant « elle est ceci, il fait cela », la vraie question devrait être : « Qu’est-ce que cela me fait ? Pourquoi ces critiques me touchent-elles autant ? Qu’est-ce que cela revient éveiller de mon histoire ? » Peut-être nous activons-nous comme ça parce que notre mère nous critiquait enfant, déclenchant notre blessure d’humiliation, ou parce que son absence nous faisait croire qu’elle nous abandonnait.
Ce processus de guérison est un travail important auquel le couple peut aider, sachant que c’est encore plus fort s’il peut être accompli à deux. Il implique surtout que nous nous retrouvions en tant que partenaires, et pas seulement comme amoureux.
Phase 5 : Le couple conscient et uni – Quand l’amour renaît
Et je voudrais vous annoncer la bonne nouvelle : il existe une cinquième phase, celle du couple conscient. Ce couple a retrouvé l’amour, mais sur un plan différent de la lune de miel. Il retrouve l’élan amoureux d’une manière nouvelle, plus profonde.

La tendresse et l’acceptation
Ce couple conscient est le fruit du travail accompli dans les phases précédentes, nourri d’une grande tendresse et d’une profonde douceur. On ne reproche plus à l’autre son comportement. Chacun regarde ce qui le déclenche et pourquoi, accueillant l’autre tel qu’il est sans chercher à le changer, tout en s’aidant mutuellement à avancer dans notre développement.
Parfois, juste avant cette phase, il y a une sorte de séparation, un moment de distance. On a compris que ça n’allait pas, que c’était difficile et on a fait du travail sur soi. Des difficultés persistent, mais la question devient : « Est-ce qu’il ou elle compte encore pour moi ? Est-ce que cet amour est encore vivant en moi ? Quand je pense à l’autre, y a-t-il encore quelque chose dans mon cœur qui vibre ? Si on se séparait, est-ce que j’aurais une certaine nostalgie de tout ce qu’on a vécu ? ». C’est ainsi que Christian et Laure ont décidé alors qu’ils pensaient avoir tout essayé, de prendre de la distance, de se dire « séparés », même si dans les faits ils étaient très souvent ensemble. Cela a permis d’accélérer la phase 4 de réparation, chacun comprenant tout ce qui était important chez l’autre, tout ce qu’il y avait à perdre en cherchant ailleurs quelque chose qu’ils savaient dépendaient d’eux.
C’est en effet à ce moment que l’on rencontre d’autres personnes avec qui une relation serait possible. On le sent, il suffirait de dire oui pour commencer une nouvelle histoire. Mais en a-t-on vraiment envie ? On sait qu’avec cette autre personne, on repasserait par les mêmes phases, les mêmes étapes. On a déjà tellement avancé avec notre amoureuse/notre amoureux, pourquoi aller avec une autre personne pour revivre pratiquement la même chose, les mêmes étapes ?
C’est alors qu’une véritable transformation peut avoir lieu. C’est en dansant sur la falaise, au risque de tomber que l’on ressent la valeur de chaque chose. Est-ce qu’on se quitte parce qu’on rencontre quelqu’un d’autre qui nous attire, au risque de recommencer le cycle, ou bien parce qu’on n’en peut plus de tous les efforts que l’on croit avoir faits pour cette relation.
Danser le divin ensemble
L’autre devient alors vraiment notre partenaire de vie, dans une forme de conscience, une forme d’éveil qui nous fait aller à la rencontre de sa lumière à tout instant. Marie-Anne m’a fait découvrir l’importance du partenariat fondé sur la transparence et l’alliance et j’ai l’impression d’avoir apporté la dimension spirituelle au sein du couple, qui va vers l’Union Sacrée. En d’autres termes, elle m’a montré la voie de l’horizontalité et moi celle de la verticalité, ce qui correspond à nos deux tempéraments naturels. Et plutôt que se battre pour savoir qui a raison, nous avons vu à ce moment la puissance de notre complémentarité.
À ce stade, on se connaît mieux, et l’amour n’est plus fondé sur une projection. Nous savons quels voyages nous voulons partager, quelles manières de vivre ensemble nous épanouissent. Nous savons aussi ce que nous préférons vivre séparément, chacun dans sa singularité, sans crainte qu’il nous blesse, sans avoir trop peur qu’il nous quitte en trouvant ailleurs mieux que ce qu’on pense être.
Justement, le Tantra apporte quelque chose de profond en nourrissant cette capacité à voir cette lumière chez notre partenaire, à voir en quoi l’autre n’est pas juste ce que je voudrais qu’il ou elle soit, pas seulement non plus un être psychologique, mais aussi une âme qui va danser avec la mienne. Ensemble, nous allons danser le divin, la Vie, et ainsi nous épanouir l’un à côté de l’autre, avec l’autre et grâce à l’autre.
C’est tout ce travail intérieur effectué ensemble, qui a commencé avec la phase précédente et qui donne ses fruits dans cette cinquième phase pour aimer l’autre tel qu’il est, et aimer notre union, au-delà et au travers de l’autre. On retrouve là la dimension sacrée de l’alliance, comme si tout cela avait (enfin !) un sens. Nous incarnons, chacun à notre manière, aussi bien à l’intérieur de chacun de nous que dans notre relation, cette union dynamique du masculin et du féminin, au-delà des blessures de notre histoire, tout en prenant soin d’elles.
L’amour véritable
À ce stade, nous pouvons dire à l’autre : « Je t’aime tel que tu es, dans toutes tes dimensions. Ce qui me déplaisait chez toi commence même à me faire sourire. » Ces petites chaussures que tu laisses toujours devant l’escalier et dans lesquelles nous nous prenons les pieds, cette manière de vouloir que tout soit rangé alors que j’ai tendance au désordre (cela peut bien entendu être l’inverse) – devient la signature de l’autre, et le symbole de notre affection profonde.
Et nous savons que nous aimons ces petits comportements que nous détestions auparavant, quand nous réalisons que le jour où il lui arriverait quelque chose de grave, où elle serait à l’hôpital, voir ces chaussures en bas de l’escalier, constater cet ordre parfait (ou inversement ce désordre) nous rappellerait notre amour. En fait, ce que nous n’aimons pas chez l’autre au départ, devient un signe de ce que nous chérissons chez l’autre. Car c’est vraiment elle, c’est vraiment lui, et à cet endroit nous sommes totalement Un.
Une danse sacrée
Il est bien évident que tous les couples n’arrivent pas à la phase 5. Pour certains, cela n’est d’ailleurs pas souhaitable. Si votre partenaire use de manipulation, si lorsque vous parlez depuis votre vulnérabilité l’autre en profite pour retourner vos mots contre vous, alors la prudence s’impose. Il peut y avoir aussi des divergences profondes en termes de valeurs, de compatibilité sexuelle ou de projets de vie qui ne correspondent tout simplement pas.
Il ne s’agit pas de rester ensemble coûte que coûte. Mais si vous sentez qu’il y a toujours quelque chose entre vous, que vous ressentez encore cet élan vers l’autre même quand ça ne va pas, et que vous percevez que c’est vrai aussi de son côté, alors cela vaut le coup de continuer. Car il est normal de passer par la phase de la chute – elle est simplement liée à nos propres blessures.
Beaucoup de couples s’arrêtent aux phases 2 ou 3, car continuer à remonter pas à pas la montagne de l’amour quand l’autre vous insupporte profondément demande un courage extraordinaire. Le passage vers les phases 4 et 5 tient parfois à un fil quand les disputes deviennent violentes. Et paradoxalement, c’est justement parce qu’elles sont intenses que l’on sait que la transformation de chacun peut être profonde elle aussi.
Ces cinq phases témoignent que l’amour véritable ne ressemble pas au conte de fées initial. Il traverse des tempêtes pour accéder à une dimension plus profonde, plus consciente. Mais ce chemin n’est pas sans dangers, et comprendre les écueils peut nous éviter de sombrer définitivement.
Les pièges de chaque phase
Dans la lune de miel (Phase 1), le premier piège consiste à s’installer dans l’illusion. Certains couples tentent de maintenir artificiellement cette phase, refusant de voir émerger la réalité de l’autre. Ils évitent les sujets qui fâchent, cachent leurs différences, perpétuent le mythe de la perfection relationnelle. Cette stratégie d’évitement ne fait que retarder l’inévitable chute des masques, souvent de manière plus brutale.
La phase de désillusion (Phase 2) porte en elle le risque de la fuite. Face aux premières frictions, la tentation grandit de chercher ailleurs ce qui manque dans la relation. « Peut-être me suis-je trompé de personne ? » Cette interrogation légitime peut devenir destructrice quand elle nous empêche d’explorer la profondeur possible avec notre partenaire actuel.
Dans la phase de conflit (Phase 3), l’écueil majeur reste la victimisation mutuelle. Chacun campe sur ses positions, convaincu que l’autre est le problème. Cette dynamique de reproches perpétuels peut durer des années, créant une toxicité relationnelle où la violence, verbale et parfois physique, devient le mode de communication dominant.
La phase de réparation (Phase 4) connaît ses propres dangers. Certains couples s’enlisent dans une thérapeutisation excessive de leur relation, analysant chaque geste, chaque parole, au point de perdre la spontanéité et la joie de vivre ensemble.
Il y a aussi le risque de la résignation déguisée en sagesse. « J’accepte ses défauts » peut masquer un renoncement profond à l’intimité véritable. Cette pseudo-acceptation maintient une distance émotionnelle qui ressemble à la maturité mais prive le couple de sa vitalité essentielle.
Même dans la cinquième phase, des écueils persistent. L’orgueil du « couple conscient » peut créer une nouvelle forme de supériorité, une spiritualité relationnelle qui juge les autres couples moins « évolués ». Cette attitude détruit paradoxalement l’humilité nécessaire à l’amour véritable.
Certains couples qui se considèrent comme « éveillés » tombent dans l’intellectualisation de leurs émotions, remplaçant l’authenticité du ressenti par des concepts spirituels. Ils parlent d’amour inconditionnel sans vivre la tendresse simple du quotidien ou l’élan des rapports charnels.
Il faut aussi comprendre que ces phases ne se succèdent pas de manière linéaire. Un couple peut osciller entre différentes phases, revivre des conflits après des périodes d’harmonie, retomber dans des projections après avoir goûté à l’acceptation mutuelle. Ces mouvements de va-et-vient ne signifient pas un échec, mais font partie intégrante de la dynamique relationnelle.
Le danger consiste à croire qu’une fois la « bonne » phase atteinte, on y reste définitivement. Cette illusion de stabilité peut nous faire manquer les signaux subtils qui annoncent un nouveau cycle de transformation.
La sagesse du processus
Malgré ces écueils multiples, cette compréhension peut transformer profondément notre vision des relations. Elle nous libère de l’injonction au bonheur permanent pour nous ouvrir à la richesse de l’expérience humaine dans toutes ses nuances.
Le couple qui survit à ces épreuves, en évitant les principaux pièges, découvre effectivement une forme d’amour inconditionnel, une danse sacrée entre deux âmes qui ont appris à s’accueillir dans leur vérité changeante.
Cette cartographie relationnelle nous rappelle que l’amour véritable exige du courage, de la patience et une volonté constante de grandir ensemble. Pour les couples prêts à s’engager dans ce travail de conscience, en naviguant consciemment entre les écueils, l’amour peut renaître, plus authentique et plus libre que jamais.
Cette compréhension peut transformer notre vision des relations et nous donner l’espoir que même dans les moments les plus sombres, une renaissance reste possible. Pour les couples prêts à s’engager dans ce travail de conscience, l’amour peut renaître, plus authentique et plus libre que jamais.
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