Par Jacques Ferber.
Découvrir le véritable visage du Tantra
Le Tantra est parfois perçu comme une mystérieuse pratique ancestrale, réservée aux initiés et entourée de tabous, et d’un autre côté il est aussi associé, dans l’imaginaire collectif, à des pratiques érotiques ou sexuelles.
Pourtant, cette vision réductrice ne rend pas justice à la richesse et à la profondeur de cette tradition spirituelle millénaire qui propose une voie de transformation psychique et relationnelle afin de permettre à chacun d’évoluer en fonction de ses besoins et de ses aspirations.
En effet, le Tantra n’est ni ésotérique ni érotique, mais extrêmement puissant car fondé sur un principe assez rare dans les voies spirituelles: c’est au travers du corps que se passe le développement de l’individu, c’est au travers de l’expérience de Vie qu’il rencontre le divin. Le corps n’est ni rejeté ni contrôlé comme on le voit par ailleurs: il est au contraire reconnu et honoré comme le lieu même de la transformation, le chemin qui nous mène au divin. Et c’est pourquoi la sexualité fait partie de cette démarche, bien que le Tantra ne se résume pas à cette dimension, aussi sacrée soit-elle.
I. Les racines spirituelles du Tantra
Le Tantra plonge ses racines dans les traditions spirituelles de l’Inde, et plus spécialement le Cachemire, qui remontent à plusieurs millénaires. Il s’est développé considérablement vers le Xème et XIème siècle de notre ère, avec de grands érudits notamment Abhinavagupta, mais qui a été réprimée par la montée de l’Islam, mais surtout par la colonisation britannique à partir de la fin du XVIIIème siècle. Pour échapper à sa disparition, elle est devenue secrète, son enseignement ne se transmettant que par la voie de relations maitre-disciple. Elle s’est ainsi purifiée, essentialisée. Ce n’est qu’au cours de la deuxième moitié du XXème siècle, à la faveur du renouveau spirituel mondial, que le Tantra s’est diffusé dans le monde occidental, sous la forme d’un néo-tantra.
Inspiré par des textes sacrés et des enseignements oraux transmis de maître à disciple, le Tantra se fonde sur une vision non-duelle de la réalité, qui reconnaît l’unité fondamentale de toutes choses et célèbre la dimension sacrée de la vie et de l’existence.
Le Tantra nous dit que le divin est unité mais qu’il s’est dédoublé en deux aspects: le premier, représenté par Shiva, correspond à la conscience et d’une manière générale tout ce qui est du domaine des idées, des concepts, des croyances, de l’intention et donc de l’intériorité. Le second, l’énergie-matière, l’incarnation matérielle, prend la forme de Shakti, la déesse qui danse, symbolisant ainsi l’extériorité, la nature et l’impermanence de chaque chose.
Ces deux entités forment le Un, le Tout, l’Univers, symbolisant l’harmonie entre conscience et matière, esprit et chair. La philosophie du Tantra offre une perspective relationnelle et sensuelle de ce dualisme, illustrée par l’image de l’union sexuelle entre Shiva et Shakti, où Shiva, assis en position du lotus, accueille Shakti sur son lingam, son pénis érigé, symbolisant ainsi un acte d’amour infini et transcendantal.
L’amour est l’ingrédient qui accouple, qui fusionne et transcende les divisions entre la tête et le corps, les pensées et les pulsions, le bien et le mal, l’attraction et la répulsion. Au niveau du divin, il n’y a qu’amour et unité. C’est la dualité sur terre, qui prend sa source dans nos capacités cognitives humaines, qui crée cette distinction, mais en réalité il n’y a qu’unité quand cette dualité est transcendée par l’union, ce qu’exprime si simplement ce couple divin en train de faire l’amour. Par rapport aux autres doctrines spirituelles, le Tantra propose ainsi d’aller vers la non-dualité, l’union totale de l’humain et du divin, sans renoncer à l’existence terrestre, en recréant dynamiquement et en permanence cette union en nous et dans nos actes.
Cette vision spirituelle se reflète dans les nombreuses pratiques et techniques du Tantra, qui visent à développer notre conscience de nous-mêmes et de notre environnement, et à libérer les blocages émotionnels et psychiques qui entravent notre épanouissement. Parmi ces pratiques, on trouve la méditation, la respiration consciente, la visualisation, la danse, les massages tantriques, des pratiques sensuelles et tout un ensemble de rituels sacrés.
II. Le corps : de l’éveil des sens au temple sacré
Dans le Tantra, tout commence avec le corps, avec la conscience sensorielle et le plaisir de découvrir la richesse de nos sens. La vue, l’ouïe, le goût, l’odorat et le toucher sont autant de portes qui nous ouvrent à l’expérience riche et nuancée de ce qui nous entoure. Ils nous permettent d’accéder à une perception plus profonde des autres et de notre environnement et ainsi de pouvoir ressentir la beauté et le merveilleux de l’incarnation.
Le corps, le concret, la matière, les sensations, c’est le royaume de Shakti, la compagne de Shiva, c’est la féminité qui s’incarne à chaque moment dans une danse permanente et fluide, recréée à chaque instant.
Faire l’expérience des sens, c’est écouter le chant d’un oiseau, le rire d’enfants, le clapotis de l’eau, les mélodies subtiles d’une musique; c’est respirer l’arôme enivrant des épices, ou humer le parfum d’une rose ou de l’herbe fraichement coupée; c’est ressentir le frôlement du vent ou d’un tissu ou encore se laisser enlacer par la caresse de sa/son bien-aimé(e) sur la peau; c’est contempler les couleurs chaudes et vibrantes d’un magnifique coucher de soleil ou le chatoiement de la flamme d’une bougie; c’est gouter à un délicieux plat fait maison en savourant chaque bouchée, ou se désaltérer à la terrasse d’un café tout en regardant les gens aller et venir.
Je repense à Julie, une femme de 45 ans, qui à l’issue d’une formation d’une année de Tantra, me fait part: « Le Tantra m’a aidée à me réconcilier avec mon corps et à l’accepter tel qu’il est. J’ai appris à être à l’écoute de mes besoins et de mes limites, et cela m’a permis de sortir de mon bordel, et de développer une relation plus saine aux autres et aussi à moi-même.«
De ce fait, le féminin et le corps sont toujours à l’honneur dans le Tantra, car le corps est considéré comme un temple sacré, le véhicule de notre esprit et le reflet de notre âme. En honorant et en prenant soin de notre corps, nous nous reconnectons à notre essence divine et à notre sagesse intérieure, car, pour le Tantra, la sagesse divine ne réside pas dans l’intellect mais dans le corps vécu.
Le ressenti corporel, cette perception intime de notre être, agit comme une boussole qui nous guide dans notre exploration du monde. Nos émotions, nos intuitions et notre présence à ce qui se passe ici et maintenant sont autant de signaux qui nous aident à naviguer dans les méandres de la vie. En développant notre capacité à ressentir et à interpréter ces signaux, nous forgeons notre propre chemin, en accord avec nos aspirations et nos besoins.
Ainsi, en prenant le temps de goûter, sentir, écouter, observer et toucher avec attention et curiosité, en développant notre capacité à ressentir et à interpréter ces signaux avec la conscience (Shiva), nous nous ouvrons à une palette de sensations infinies, qui transforment notre quotidien en une véritable symphonie sensorielle et nous offrent la magie de l’instant présent, et nous forgeons notre propre chemin, en accord avec nos aspirations et nos besoins.
III. La relation à l’autre : un miroir de notre propre nature
Le Tantra est également une voie de relation à l’autre, qui nous invite à considérer notre partenaire comme un miroir de notre propre nature. En explorant notre intimité avec respect, sensibilité et authenticité, nous découvrons des facettes insoupçonnées de nous-mêmes et de l’autre, et nous nous enrichissons mutuellement de cette communion des corps et des âmes.
Cette approche relationnelle s’étend bien au-delà de la sphère intime et érotique, pour englober l’ensemble de nos interactions avec les autres.
En effet, nous sommes avant tout des êtres relationnels et de contact. L’être humain partage avec les chimpanzés le fait d’être avant tout un animal social pour lequel l’interaction sociale et affective est plus importante que n’importe quoi, que la nourriture même. Comme le bébé chimpanzé qui peut se passer de nourriture s’il est enveloppé dans l’odeur et la tendresse de sa mère, l’être humain a besoin plus que tout du contact de ses congénères pour exister.
Même lorsqu’il s’isole pour un temps, c’est pour encore mieux sentir l’importance des autres au travers de la solitude, pour trouver en soi un ailleurs que la proximité permanente ne lui permet pas d’atteindre. Mais ici encore, il est social, même si c’est en creux. Ce besoin relationnel (être avec, partager, aimer, être aimé et reconnu) se révèle tellement essentiel qu’il peut même conduire à des relations « toxiques » qui empoisonnent l’existence mais dont on reste prisonnier. L’être humain alterne ainsi deux états insatisfaisants : des relations conflictuelles et blessantes qui l’incitent à se replier sur lui-même et un état de solitude dans lequel il se dessèche et qui le pousse à chercher du contact. Il ressemble fort au porc-épic qui cherche le contact avec ses semblables sans trop savoir comment rentrer ses épines ni éviter celles des autres, comme le décrit le philosophe Schopenhauer :
Par une froide journée d’hiver, un troupeau de porcs-épics s’était mis en groupe serré pour se garantir mutuellement contre la gelée par leur propre chaleur. Mais tout aussitôt, ils ressentirent les atteintes de leurs piquants, ce qui les fit s’éloigner les uns des autres. Quand le besoin de se réchauffer les eut rapprochés de nouveau, le même inconvénient se renouvela, de sorte qu’ils étaient ballottés deçà et delà entre les deux souffrances…. (Schopenhauer, Parerga et Paralipomena, §396)
En effet, l’interaction est à la fois la plus merveilleuse des choses qui nous arrive, puisqu’elle nous offre l’affectivité, le contact et la stimulation dont nous avons besoin pour vivre, mais aussi la pire car la plupart de nos blessures, de nos limitations et de nos peurs sont le fruit d’interactions liées à des mécanismes inconscients hérités de notre histoire personnelle, familiale ou collective. C’est dans ce paradoxe, entre l’attraction et la répulsion, le désir et le dégoût, l’élan et l’inhibition, que se situe le véritable défi de l’individualité.
La difficulté réside dans cette articulation qui est au cœur du développement personnel : d’une part, l’individu aspire à se singulariser, à se différencier de son groupe ou collectif. D’autre part, il cherche à s’intégrer, à se rapprocher des autres, à trouver le contact, l’affection et l’appartenance. Cette double aspiration amène son lot de tensions, de crises et d’oppositions. Elle peut même générer une oscillation épuisante entre ces deux mouvements (s’éloigner, se rapprocher, s’éloigner, se rapprocher…) qui se répètent sans apporter ni changement ni satisfaction, engendrent des conflits interpersonnels et bloquent l’évolution.
Nous portons ce paradoxe dans notre essence même: se différencier d’une part et fusionner de l’autre est ce qui nous constitue dans notre identité d’être humain! Nous ne sommes ni des particules élémentaires totalement séparées les unes des autres, ni une masse indifférenciée comme un pot de miel, mais des êtres singuliers et collectifs qui créons en permanence notre individualité dans la relation, et dont la singularité même requiert la relation. Mon « moi », ma personnalité, est en permanence produite par l’interaction avec « toi », dans un « nous » qui se forme, se dissout et parfois se reforme, avec le temps.
Le Tantra, en mettant au centre le rapport à l’autre nous fait rencontrer tous les aspects de notre être, même nos ombres, ce que nous ne voulons pas trop voir. Il nous fait vivre le meilleur, mais aussi le pire, comme si nous étions dans une machine à laver, tantôt en haut, tantôt en bas, jusqu’à ce que nous en venions à trouver notre être essentiel, qui n’est ni en haut, ni en bas, mais au centre de la roue, autour duquel les événements de notre vie ne font que tourner.
Comme l’expliquent Tom et Léa, un couple de trentenaires qui pratiquent le Tantra ensemble depuis deux ans: “Cela n’a pas été toujours facile, car nous avons vécu beaucoup de hauts et de bas dans les stages, mais au final, sans lui, nous ne serions peut être plus en couple. Le Tantra nous a permis de renforcer notre lien et notre confiance mutuelle. Avec toutes les pratiques, nous avons pu nous ouvrir l’un à l’autre sans peur ni jugement, et cela a profondément transformé notre relation, aussi bien sur le plan intime que dans notre communication quotidienne.”
IV. L’intégration des parts masculine et féminines de notre psyché
Le Tantra est une voie alchimique d’intégration des opposés, et notamment de la polarité masculin-féminin. Depuis des temps immémoriaux, on parle du masculin et du féminin et de leur alliance. Et certaines traditions orientales depuis 4000ans, telles que le Taoïsme en Chine, le Tantrisme en Inde et L’alchimie en occident (avec des sources possible en Egypte ancienne), ont considéré que l’Univers fonctionnait à partir de la composition dynamique du masculin et du féminin, du yang et du yin pour reprendre la terminologie chinoise.
Le Yang représente les valeurs et énergies masculines, telles que la force, la vitesse et la logique, tandis que le Yin correspond au féminin, à l’accueil, à l’ouverture et à l’intuition. Les philosophies chinoises et tantriques, ainsi que l’ésotérisme occidental, considèrent que le monde fonctionne grâce à la composition dynamique du masculin et du féminin.
Cette intégration est représentée de manière plus relationnelle mais surtout plus charnelle avec l’union sexuelle Shiva et Shakti. Ces derniers s’unissent dans la position du Yab-Yum, la célèbre position où Shiva est assis en lotus et où Shakti, sa parèdre, vient sur son lingam, son pénis érigé, pour s’accoupler à lui en bougeant et dansant. Cette union s’effectue dans l’amour infini qui les unit pour toujours. L’amour est l’ingrédient qui accouple, qui marie et transcende les divisions entre la tête et le corps, les pensées et les pulsions, le bien et le mal, l’attraction et la répulsion. Cette dualité terrestre, qui est due essentiellement à notre ego-mental, disparait au niveau divin, où il n’y a que Conscience, Amour et Vivance (Sat Chit Ananda).
La symbolique de ce couple divin exprime alors, de manière très simple, comment la dualité est transcendée par l’union des opposés. Et ce que nous dit le Tantra, c’est que d’une part cette union est déjà là, depuis la nuit des temps, et qu’en même temps elle est une dynamique, un processus, qu’il s’agit de recréer dans le monde et à l’intérieur de nous.
Chacun peut ainsi aller au plus profond de sa propre polarité et s’ouvrir à l’autre, comme l’exprime Antoine 48 ans: “Je me sens plus homme, plus affirmé, plus puissant. Je ne suis plus quelqu’un qui dit oui à tout le monde et dans mon boulot je ne m’efface plus. Surtout les femmes viennent à moi, et je ne comprends toujours pas pourquoi (rire). En tout cas, c’est bon !”
Et bien sûr, dans nos relations humaine, cette intégration est toujours renouvelée, toujours en cours, toujours à construire. Le couple humain devient alors le lieu sacré où l’alchimie des corps se transforme en accès au divin, où le plaisir sensuel devient un chemin vers l’extase spirituelle, où le sacré du corps s’unifie à la conscience par le biais de l’amour, où l’on peut faire, concrètement le passage du Deux au Un.
V L’importance de la connexion dans un espace sacré
Le Tantra insiste beaucoup sur l’importance de définir un espace sacré pour les pratiques tantriques, car cet espace va permettre de créer une profonde connexion à soi, à l’autre et au divin.
Créer un espace sacré, c’est créer un lieu où l’on suspend le temps, où l’on suspend le monde, où même notre propre identité vient doucement se dissoudre. Il devient alors un lieu de lenteur et de paix, comme un espace à la fois méditatif et vibrant que l’on peut pratiquer seul ou à deux. C’est aussi un lieu de vérité, parce que c’est là, dans cet espace, que nous nous rencontrons véritablement, dans toute notre authenticité, dans toute notre humanité, en laissant les masques, les rôles et les attentes à l’entrée. Comme si nous venions nus. Pas nécessairement au sens littéral, mais au sens symbolique de “dénudé de tout ce qui n’est pas essentiel”.
Dans cet espace sacré, la connexion à soi est une expérience éminemment profonde. C’est un voyage dans notre propre paysage intérieur, une exploration des confins de notre âme. Mais ce voyage ne se fait pas seul. Et c’est là l’apport du Tantra: pouvoir s’aider mutuellement à aller vers les profondeurs de notre être, dans une connexion réelle et authentique. L’autre n’est pas quelqu’un que je dois séduire ou avec qui je vais me battre. C’est est un porteur de miroir, un frère ou une soeur d’âme. Nous pouvons nous rencontrer avec respect et empathie, au-delà des apparences et des différences en partageant notre humanité d’être humain. Cette connexion n’a pas besoin de mots ni de gestes. Elle se fait au niveau du cœur, du regard, de l’énergie qui circule. Et là, tels que nous sommes, nous pouvons nous prendre dans les bras, nous accepter mutuellement avec nos forces et nos faiblesses, nos joies et nos peines, nos réussites et nos échecs.
Lorsque nous sommes profondément connectés à l’autre, il se produit alors un phénomène remarquable qui transcende le quotidien, comme si nous entrions dans un espace d’éternité, où seuls subsistent la présence, la conscience et l’amour. Ce qui est le plus surprenant avec le Tantra, c’est que l’appréhension du divin n’est pas une expérience distante, éthérée, “perchée” dirait-on aujourd’hui. Bien au contraire, elle dépend directement de la connexion avec l’autre, de nos présences mutuelle, de nos contacts lents et du toucher subtil que nous partageons. Nous étions l’un avec l’autre, et nous voici trois : toi, moi et le divin.
Dans cette communion, l’autre n’est pas seulement l’autre. Dans son regard je vois le divin, dans ses gestes je perçois la source, et dans nos corps je ressens la manifestation du divin. Dans les mouvements que nous vivons, dans cette danse où il n’y a pas nécessairement de pas, nous pouvons contempler et vivre la beauté et la tendresse du divin. C’est une expérience d’une profondeur insondable, d’une intensité bouleversante.
Ainsi, cet espace sacré est bien plus qu’un lieu. C’est un état d’être, une dimension de notre existence, un sanctuaire où nous pouvons nous retrouver, nous reconnecter, nous régénérer. C’est un temple qui nous rappelle ce que nous sommes vraiment : des êtres d’amour, de connexion et de lumière.
VI. Un art de vivre au quotidien
Au delà de ce qui touche à la sensualité et à la sexualité, du fait même de son incarnation naturelle, le Tantra constitue un véritable art de vivre au quotidien, accessible à tous ceux qui souhaitent enrichir leur expérience du monde et de leur propre nature. Cette voie nous invite à percevoir le monde qui nous entoure sous un jour nouveau, en nous faisant prendre conscience de la beauté et de la richesse qui se cachent derrière les apparences, à aimer notre corps, à ne plus chercher à “bien faire”, mais à être totalement. Comme le témoigne JP (49 ans) : “Que c’est bon t’intégrer cette renaissance pour moi. Cette nouvelle vie, cet élan, ce nouveau chemin de joie qui s’ouvre à moi ! Merci à tous ceux qui m’entourent.” ou Aurélie (38 ans): “ C’est tellement bon pour moi de savourer tous ces petits changements qui s’opèrent en moi, je me sens vivante et reconnaissante! Ma sécurité intérieure s’affirme de plus en plus.”
L’une des découvertes les plus fortes et les plus communes des pratiquants du Tantra, c’est de se sentir pleinement vivant, de ressentir la Vivance. Ce que j’appelle Vivance, c’est une expérience profonde et multidimensionnelle qui englobe notre corps et nos émotions, en ayant l’impression que tous les aspects de notre être sont pleinement engagés et connectés. Cette expérience se caractérise par une sensation d’intensité, de vitalité, de joie et de présence, vécue dans l’instant présent qui nous permet de nous immerger pleinement dans notre expérience sensorielle et émotionnelle et d’établir une connexion authentique et profonde avec notre environnement et les personnes qui nous entourent.
Cette Vivance, symbolisée par Shakti, va de pair avec la Conscience, représentée par Shiva. Il ne s’agit pas de suivre ses pulsions, ni de continuer nos pratiques addictives, ou d’être agressif avec les autres sous prétexte d’être authentique avec nous-mêmes. Non ! La Conscience, associée à l’Amour, va permettre de transmuter les parties sombres de notre être afin qu’elle puissent s’exprimer dans la joie et le plaisir et non dans la voracité ou le ressentiment. On passe alors de la pulsion à l’action spontanée, des “besoins” à la réalisation que tout est déjà là, et que le désir est en soi-même l’expression du plaisir de vivre, c’est-à-dire de la Vivance1.
Tout cela fait partie de la Vie qui se déroule, et vivre c’est faire l’expérience de cette vie intense, pleine de montées et de descentes, comme si l’on était dans des montagnes russes de foire foraine, en utilisant nos sens pour plonger dans la chair de la vie, pour vivre cette Shakti qui est là, partout, et que nous ne reconnaissons pas toujours, étant enfermés dans notre mental.
C’est en créant l’équilibre entre nos parties masculines et féminines, en unissant Shiva et Shakti en nous-mêmes d’abord, et en intégrant la Conscience, L’Amour et la Vivance que nous réalisons le Grand Oeuvre du Tantra, que nous transformant le plomb en or, c’est-à-dire l’être ordinaire et plein d’égo, de peurs et de blessures que nous sommes, en un être plus lumineux, aimant et se sentant pleinement vivant.
VII. Une voie vers la réalisation de soi
Le Tantra est ainsi une voie de réalisation de soi. Elle nous conduit à explorer et à intégrer les différentes dimensions de notre être, afin de nous épanouir pleinement et de manifester notre potentiel illimité, en considérant qu’effectivement “Tout est possible” à partir de pratiques simples où nous laissons vivre la Vie en nous, sans chercher à devenir quelqu’un d’autre que celui ou celle que nous ressentons profondément au fond de nous, une fois débarrassé de nos conditionnements culturels et familiaux.
Ce que j’aime dans le Tantra, c’est aussi son efficacité: il n’est pas nécessaire d’avoir effectué dix ans de thérapie pour sentir le changement en soi.
Après seulement quelques stages de Tantra, une amie me faisait part :
Depuis que je fais du Tantra, j’ai l’impression de renaître à la vie. Je ne m’énerve plus, je ne déprime plus, je sais m’affirmer quand c’est nécessaire, mes relations avec mes enfants se sont grandement améliorées et je n’essaye plus systématiquement d’être une bonne mère. Surtout tout ce que je vis a plus de saveur ! Pour moi, c’est un super outil de cheminement vers la femme que je suis et que je ne connaissais pas auparavant. Et je “kiff my life” à me sentir dans ma vie, à ne plus me soucier du jugement des autres, et surtout à m’aimer moi-même comme je suis. “Je suis une belle femme et je m’aime” dit-elle en riant, citant ainsi Claudie, celle qui l’a accompagnée sur ce chemin tantrique.
Pourtant le chemin du Tantra, bien que cela soit très important, ne se résume pas à “se sentir bien”. Cette voie spirituelle permet d’aller plus loin sur la voie de l’unité. En ouvrant les portes d’un monde intérieur, riche et fascinant, ont peut aller à la rencontre de ce que l’on appelle sa véritable nature, qui est pure Conscience, Amour et Vivance, et ainsi de s’unir au Divin ou à l’Univers, en faisant l’expérience du divin en soi, et en reconnaissant l’harmonie de la Vie, au-delà du chaos qu’elle semble être.
Le Tantra constitue ainsi une véritable voie de transformation et de réalisation, en nous offrant des outils précieux pour nous épanouir et grandir sur notre chemin psycho-spirituel. Il nous offre un chemin accéléré, sans fioritures et tendu vers l’Eveil, vers la reconnaissance de notre lumière intérieure, sacrée et divine. Il nous met au défi de confronter directement tout ce que nous craignons, jugeons et méprisons en nous-mêmes et chez les autres, et nous incite à affronter chaque partie de notre propre être dépourvue d’amour et de compassion. Comparées aux autres voies spirituelles, il est souvent dit qu’il s’agit d’une voie rapide et directe, car rien n’est laissé de côté. C’est une alchimie de la transformation qui utilise tout ce qui se passe dans notre vie, tout ce que nous vivons, créons, aimons et détestons, toute notre paresse et notre énergie, nos jugements comme notre accueil, pour transmuter tout cela et ainsi nous transformer. Tout devient carburant pour évoluer, embrasser, expérimenter, accepter, vivre et incarner.
Ainsi, le Tantra devient un mode de vie où l’on peut “faire l’amour à la Vie”.
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- On pourra lire aussi: Le plaisir est dans le désir ↩
- Note: les images ont été créées par Midjourney
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