Par Jacques Ferber

Le terme « homme » peut être ambigu. Alors, je vais préciser.

Je suis fier d’abord d’être un humain, d’être l’un des chaînons de la Conscience, et ainsi de pouvoir avancer entre l’animal et l’ange, en me dressant vers les cieux, les pieds bien ancrés dans la terre.

Je suis aussi fier d’être une personne de genre masculin. Cela peut paraître difficile d’aborder cette fierté en ces temps où la masculinité est déconsidérée car parfois associée à la violence.

Je sais aussi que j’aurais été fière d’être une femme, car pour moi ces deux genres sont ici pour s’unir à égalité dans leur complémentarité et leur diversité, sans aucune hiérarchie de valeur. Mais puisque la nature a fait que je suis né ainsi, avec un pénis et des testicules, je suis heureux d’habiter ce corps et de former ainsi l’une des faces de cette pièce que représente le couple masculin/féminin.

Et pourtant, cette fierté a été longtemps loin d’être acquise. Entouré de femmes dans le privé – une mère, deux soeurs, une grand-mère et une nounou, avec un père souvent absent par son travail – tout en étant toujours avec des garçons à l’école (les écoles n’étaient pas mixtes quand j’étais enfant), j’ai toujours vécu profondément le fait que les femmes et les hommes étaient égaux.

Personnellement, j’ai construit ma vie en voulant toujours me différencier de celui qu’on appelait le « macho » quand j’étais jeune, l’homme dur et misogyne, parfois violent, qui se sent supérieur aux autres et à la femme, utilisant la femme comme un objet tout en pensant savoir ce qui est bon pour elle.

Non, le macho n’est pas l’incarnation du masculin auquel je crois.

J’ai aussi voulu éviter de tomber dans le piège du petit garçon qui n’a pas grandi. Celui qui laisse tout faire à la femme – qu’il voit souvent comme une mère – sans prendre ses responsabilité, et qui se voit victime des autres et du monde. Bien sûr, cet homme là n’est pas violent. Mais en confondant violence et puissance, il a aussi jeté ses testicules avec l’eau du bain, compensant bien souvent sa difficulté à s’affirmer par un jeu de manipulation.

Et ce n’est pas non plus le masculin auquel je crois.

Le masculin que j’encourage et que je défends, je l’ai décrit dans mon livre l’Amant Tantrique : un homme puissant et ouvert, chaleureux et égalitaire, viril et soutenant, protecteur et courageux. Un homme « bien dans ses couilles » et bien dans son cœur, qui peut unir la Terre et le Ciel, agir dans le monde et se laisser inspirer par l’esprit divin, un homme qui est à côté de la femme, la face masculine de l’Union. Un homme courageux qui s’aligne dans son authenticité, qui décide et agit, incarne sa mission de vie et sait prendre des risques pour le bien de ses proches et de l’humanité. Un homme passionné et passionnant qui ose l’aventure de la Vie, sans diminuer les autres. Un homme qui reconnait le féminin, sans le rabaisser, l’objétiser ou le minimiser, un homme qui sait voir la déesse chez la femme, qui sait aimer sa belle sans pour autant se perdre en elle. Un homme qui sait être contenant sans pour autant étouffer.

Et ce n’est pas un idéal inatteignable. Je connais beaucoup d’hommes, en particulier chez les tantrikas, qui incarnent ces valeurs. Il s’agit simplement, pour chaque homme de se dire: je ne veux plus être ni le macho de l’ancien temps, ni le petit garçon trop sensible qui a du mal à s’affirmer.

Comme nous le pratiquons en stage, il s’agit pour l’homme d’oser se connecter à sa propre puissance virile et de l’amener au cœur.

C’est donc « devenir homme » en étant AVEC la femme : ni contre, ni au-dessus, ni au-dessous, et mettre son élan dans la création de ce nouveau monde post-Covid-19 que j’appelle de mes voeux, où l’homme et la femme peuvent avancer ensemble, la main dans la main, en égaux, unis et complémentaires dans leur altérité.

Honorons le fait d’être homme comme celui d’être femme, reconnaissons nos similarités et chérissons nos différences, pour nous unir tels Shiva et Shakti dans une danse de l’Amour et de l’Eros divin.

Et ainsi, comme je l’ai déjà écrit :

Je souhaite ardemment que nous puissions construire ensemble, hommes et femmes, un monde où le féminin soit totalement respecté et honoré, et que vous sentiez (vous les femmes) combien nous sommes nombreux à vous chérir et à ouvrir la puissance de nos bras, parfois maladroitement, mais avec l’élan du cœur.

C’est mon voeu le plus cher, et mon cheminement, afin qu’hommes et femmes, nous puissions nous rencontrer dans l’union sacrée du féminin et du masculin et bâtir une nouvelle alliance, une nouvelle humanité.

Et toi homme, si tu partages ces valeurs, tu peux nous retrouver sur tantra-integral.com.