Arrêtez de prendre des résolutions en début d’année

Par Jacques Ferber

Est ce que vous prenez de bonnes résolution en ce début d’année 2020 comme 80% des français, d’après une enquête effectuée par Odoxa¹? Moi non.. je ne le fais plus. Et cela pour une bonne raison: je ne les tiens pas… Et vous? 😊

Pourquoi? Parce qu’être capable de tenir ses résolutions suppose une qualité particulière qui est la volonté, c’est-à-dire la capacité de réaliser quelque chose qui ne nous donne aucun plaisir immédiat dans l’espoir d’un retour plus tard.

Certains sportifs de haut niveau sont capables de ça, comme d’autres grands capitaines d’industrie. Mais ils ne sont pas légions. La plupart des gens sont comme vous et moi: vous avez « la flemme » (quel mot incroyable) d’accomplir cet effort qui serait au final bon pour vous, et quand vous avez décidé d’arrêter les sucreries vous ne pouvez vous empêcher de sauter sur le gâteau qui passe devant vous tout en vous disant « je commence mon régime demain ». Manãna… comme disent les espagnols.. Demain, on remet toujours à demain. Mon père me disait que quand il était jeune certains barbiers affichaient devant leur porte « demain, on rase gratis ». Je pense que c’était une blague, mais cela signifiait que demain on peut se promettre des tas de choses, mais c’est aujourd’hui que les choses sont à faire.

Donc si vous êtes du type « flemme » ou « demain » vous voyez bien que vous n’arrivez pas à sortir de vos addictions (nourriture, tabac, alcool, jeux videos, etc.) ni à réaliser vos rêves de jeunesse (apprendre une langue, jouer d’un instrument de musique, faire du dessin, écrire un roman, monter dans votre classement au tennis, etc.). Et cela vous désole, et vous fait dire que vous êtes bon à rien, nul, etc.

Mais la raison est simple: il est très, mais vraiment très, difficile de sortir d’une addiction ou d’arriver à réaliser une oeuvre en se basant seulement sur la volonté. Donc si vous prenez des résolutions, en croyant qu’il suffira de le vouloir pour le faire, vous allez au devant de grandes déconvenues.

Alors que disent les coaches qui veulent transformer votre vie en vous boostant pour faire en sorte que vous arriviez à atteindre vos objectifs? ils vous disent qu’il vous faudra transformer totalement votre vie (et chacune de vos journées) pour mettre en place une nouvelle organisation de vie. Voici les principes proposés par de nombreux coaches :

Ecrire vos résolutions, et mettez vous les devant vous pour les avoir toujours devant vous.
Diviser vos résolutions en petites tâches à accomplir
Planifier ces tâches et mettez les dans votre agenda en vous focalisant sur ces tâches.

En gros, inhiber tout ce qui vous donne du plaisir dans la vie, consacrez vous entièrement à la réalisation de vos objectifs, et un jour vous serez récompensé. Cela me rappelle ce que les religieux disaient quand j’étais petit. En gros, supporter une vie d’ascèse en espérant avoir un résultat concret par la suite… Qui n’est pas sûr d’arriver !

Alors, comme ils ne sont pas fous et qu’ils connaissent la difficulté d’avancer ainsi, ces coaches rajoutent: « prévoyez tout de même des petites récompenses chaque fois que vous avancez un peu plus vers l’accomplissement de vos objectifs. » J’ai une amie qui a cette capacité: elle s’est donné des objectifs et elle a tout mise en oeuvre, elle a tout donné pour y arriver. Et cela a tellement fonctionné, qu’elle a été à deux doigts du burn out. Donc, oui, ça fonctionne, mais à quel prix?

En plus, si vous n’êtes pas forgé de cet acier qui vous permet de traverser toutes les épreuves et notamment celles, énormes, de la procrastination et du plaisir immédiat, vous êtes voués à échouer et à passer à côté de la réalisation de vos rêves. En tout cas c’est que disent ces coaches.

Les 4 qualités à développer pour agir en « mode plaisir »

Mais si ça n’était pas vrai? Si c’était seulement l’une des manières d’avancer dans la vie? Si l’on pouvait réussir à partir d’une autre vision du monde qui ne serait pas fondée sur la volonté, mais sur d’autres principes et notamment sur ce « mode plaisir » dont j’avais commencé à parler dans une série d’articles (cliquez sur le lien pour lire l’article) :

Comment tenir ses bonnes résolutions quand on n’a pas de volonté et qu’on est paresseux où je présente les grandes lignes de cette méthode hédonique (ne pas confondre avec hédoniste), d’accomplissement par le plaisir .
Et si l’on pouvait vivre en mode plaisir, où je vais plus loin en décrivant quelques concepts essentiels du mode plaisir .
Se libérer des addictions par le plaisir : ou je développe la manière d’arrêter quelque chose qui ne nous va plus en utilisant des principes tantriques de pleine conscience et de plaisir

Pour accomplir ce que nous désirons sans volonté, et en mode plaisir, il est nécessaire de développer quatre qualités principales:

La détermination: c’est-à-dire vouloir vraiment quelque chose, même si l’on arrive pas par la volonté à faire le sacrifice nécessaire pour l’obtenir. Cela signifie que l’on ne se décourage pas si l’on n’arrive pas à nos fins, si pendant un certain temps nous n’avançons pas dans nos réalisations. Faisons confiance à notre inconscient, à notre âme, qui elle désire vraiment cela, et nous trouverons les solutions à tous ces problèmes qui ne manqueront pas de survenir.
La créativité: C’est une qualité essentielle ! Si vous n’avez pas un mental de sportif, ayez celui d’un(e) artiste : transformez les tâches a priori « chiante » en quelque chose de « cool » et même de sympa. Laissez aller votre richesse d’invention, n’hésitez pas à trouver des moyens les plus insensés et bizarre les uns que les autres.
La « folle sagesse » (crazy wisdom). C’est la conséquence du principe précédent. Elle consiste à sortir des chemins battus et des conditionnement que nous avons, parfois sans même nous en rendre compte. On laisse tomber le perfectionnisme et toutes les contraintes morales qui nous poussent à croire qu’il n’y a qu’une seule manière d’accomplir quelque chose. Arrêtez vous dire « je ne commence pas, car je ne pourrais pas finir, et si c’est le cas, cela n’en vaut pas la peine » se dit-on dans la tête. Mais si: cela en vaut la peine. Il suffit juste de commencer et de faire les choses comme on le sent. Au pire, il ne se passera rien 😊
Suivre le plaisir et la sensualité dans l’acte en pratiquant les principes décrits dans les articles précédents. Accomplir nos tâches en essayant d’y trouver un maximum de plaisir, ici et maintenant, sans ressentir d’efforts ou de sacrifice, mais en cherchant toujours la voie par laquelle cela sera facile et plaisant d’accomplir une tâche.

Je veux me refaire une santé

Prenons un exemple classique de résolution de nouvelle année. On se dit: « je m’inscris à cette salle de gym et cela me permettra de me remettre en forme, car je ne bouge pas assez ». Ok. Combien de temps pensez vous que vous tiendrez votre résolution d’y aller 2 fois par semaine. Personnellement, je sais que je peux tenir deux à trois semaines. Ensuite, j’aurais une bonne excuse à me donner pour ne pas y aller. Si vous êtes capable de tenir la distance et si le fait d’être avec d’autres personnes peut vous aider, faites le… Mais si vous n’êtes pas dans ce cas, que faire? J’ai la particularité d’avoir une activité assez sédentaire quand je ne suis pas en stage. J’écris, je met à jour le site et je gère une organisation. Et mes hobbies passent par la musique et le dessin. Tout cela ne me fait pas beaucoup dépenser d’énergie. Donc si je ne fais rien, je sens mon corps qui se ramollit. J’ai fait pas mal d’activité physiques plus jeune, notamment du tennis, des arts martiaux et du yoga. Et donc bien que je sache comment me remettre en forme, j’ai une grande flemme qui me conduit à ne rien faire. J’ai suivis des groupes de pratique où l’on cherche à créer une habitude, en accomplissant une activité sur 21 jours. Il parait que le 22ème jour, tout s’accomplit sans effort. Pour ma part, j’ai arrêté le 22ème jour 😊. Et cela n’a pas plus donné de résultat sur 40 jours. L’habitude ne s’installe pas naturellement.

Alors que faire? Je sais que je n’ai pas la volonté de m’obliger à faire quelque chose. Donc j’applique les principes de l’agir en mode plaisir: être créatif pour faire des mouvements en y prenant du plaisir, surtout au début, afin que je ne ressente pas d’effort pour commencer ma pratique.

La solution que j’ai trouvé consiste à se mettre en mouvement sur quelque chose d’amusant, de facile. Par exemple, j’ai un gros ballon de Pilates chez moi dans mon salon. Et quand je passe devant, trois ou quatre fois par jour, je me lance dessus. Il n’y a pas besoin de volonté pour se lancer sur un ballon, c’est fun, c’est plaisant, et en plus en me jetant dessus, j’ai plus l’impression de m’affaler que de faire de l’exercice. Sauf qu’une fois que je me suis jeté dessus, j’essaye d’équilibrer mon corps, ce qui m’amène à faire de la planche puis je tombe par terre et j’en profite pour faire des mouvements de reptation qui tiennent autant du yoga que de l’imitation de la couleuvre, mais qui sont en fait des mouvements d’assouplissement de l’ensemble du corps, etc, etc… Et quand le corps est un peu chaud, c’est lui qui réclame des mouvements. Et il suffit de le suivre pour faire ce qu’il a envie de faire maintenant: danse, musculation, jeux d’équilibre, respiration, etc… en retrouvant notre âme d’enfant qui adorait se proposer des petits défis. Et à la fin de ces exercices, je me sens prêt à faire quelques minutes de méditation (sans trop se donner d’objectifs) en commençant par quelques respirations « extatiques » tirées du Tantra.

Tout cela ne demande aucune volonté, juste un changement d’état d’esprit où créativité rime avec sensualité, où le fun prend toute sa place, et où en quelques minutes je me redonne un coup de fouet. Et tout commence par un « affalement » sur mon ballon, un geste que l’on fait quand on a la flemme, justement.

Bien sûr, il ne s’agit que d’un exemple, mais c’est une manière totalement différente de voir ces activités « qui seraient bien pour nous mais qu’on n’a pas envie de faire ». Cela permet aussi de ne pas se dire « il faut que je prenne du temps pour arriver à faire un peu de sport ». Non ! Dès qu’on se dit « il faut » dans ce genre de situation, c’est voué à l’échec. Il s’agit au contraire de ne pas mettre en opposition cette activité et le reste. Elle vient « en même temps » sans qu’il s’agisse de faire des efforts.

Alors arrêtez de prendre de bonnes résolutions 😉. Donnez vous l’autorisation de vivre autrement, plus simplement, en vous donnant de l’amour et de la bienveillance, et en effectuant les choses avec plaisir, dans le jeu, sensuellement, sans avoir besoin de vous priver de quoi que ce soit, tout en y mettant de la conscience.

Est ce que cela vous tente?